91ÉçÇø

Des travaux sur la sécurité alimentaire menés en étroite collaboration avec une communauté autochtone

Passionnée par la nutrition mondiale, la doctorante Christine Ha fait appel aux jeunes de Whapmagoostui, village de la Baie-James, pour mener à bien ses recherches sur les systèmes alimentaires, à l’heure des changements climatiques.  

Christine Ha, B. Sc. (nutrition) 2018, est passionnée par la recherche depuis ses études en nutrition mondiale. Pendant son baccalauréat à l’École de nutrition humaine, elle a eu la chance de travailler dans le laboratoire de la chercheuse Hope Weiler.

« La Pre Weiler a fait de moi une mordue de la recherche en me montrant ce que je pouvais réaliser comme chercheuse en nutrition humaine », se remémore Christine, une passionnée de nutrition qui, à son arrivée à 91ÉçÇø, comptait faire une demande en médecine après l’obtention de son baccalauréat.

Au début, il y a eu une bonne part d’expérimentation. « Elle m’a laissée toucher à tous les domaines dans lesquels elle travaillait », nous confie-t-elle. Après ses travaux de recherche au premier cycle, Christine avait trouvé sa voie : son domaine à elle, ce serait la sécurité alimentaire à l’heure des changements climatiques.

Aujourd’hui doctorante, elle fait partie d’un groupe de chercheurs dirigé par Murray Humphries, professeur agrégé et directeur du ; elle travaille sous la supervision de Treena Wasonti:io Delormier, professeure agrégée et codirectrice du Centre. Sa thèse porte sur les priorités des habitants de Whapmagoostui, village de la Baie-James, qui doivent s’adapter aux changements climatiques pour assurer leur sécurité alimentaire.

Dans le Pr, on aborde les changements climatiques sous des angles divers. Ainsi, Christine Ha est la seule et unique chercheuse en santé dans cette équipe de chercheurs en écologie de l’environnement. Voilà qui illustre l’importance de l’interdisciplinarité en recherche à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement.

De la recherche participative et communautaire

Après l’obtention de son baccalauréat, Christine a reçu une offre de stage pour travailler avec le dans le Nord-du-Québec. Elle s’est d’abord attachée à cerner les priorités de la communauté dans ses efforts d’adaptation aux changements climatiques, et elle collabore aujourd’hui avec les jeunes de l’endroit pour déterminer les conséquences de ces changements sur la sécurité, la souveraineté et les systèmes alimentaires de leur communauté.

Avec l’aide de sa superviseure, la Pre Delormier, Christine fera de ce projet l’assise de ses études doctorales.

Du laboratoire à l’humain

Comme le fait observer Christine, le passage du laboratoire au terrain exige un certain effort d’adaptation. Heureusement, elle a pu compter sur les judicieux conseils de la Pre Delormier, qui l’a initiée à la recherche communautaire. « Elle m’a bien fait comprendre l’importance de l’humain dans cette démarche. Les gens ne sont pas de simples statistiques. Il faut saisir ces personnes dans leur essence et imprégner notre recherche de leur humanité », explique Christine.

« Ce sont les priorités de la communauté qui orientent nos travaux. Nous prenons ses besoins en considération dans le but de lui donner des outils pour agir. »

Dans le regard des jeunes

La communauté dans laquelle elle travaille souhaite qu’elle se penche sur les échanges intergénérationnels afin, précisément, que les aînés puissent transmettre aux jeunes leur précieux savoir sur les systèmes alimentaires.

Dans cette optique, la recherche sur le terrain est menée par des jeunes de l’endroit. « Nous leur enseignons des techniques de recherche, mais ce sont eux qui vont recruter des participants dans la communauté », explique la doctorante.

Christine et ses jeunes recrues définissent ensemble le cadre des questions, mais ce sont les jeunes eux-mêmes qui mènent les entrevues. « Ils suivent leur instinct. Ils ne s’en tiennent pas forcément au libellé des questions. C’est fascinant : ils retiennent certains éléments auxquels nous n’aurions pas pensé. Ça donne des entrevues tellement plus riches; grâce à ça, nous avons un portrait beaucoup plus juste de la situation et comprenons beaucoup mieux le vécu des participants. »

Il va sans dire que les jeunes acquièrent de l’expérience en recherche, mais « le fait est que sans eux, ça ne fonctionnerait pas, déclare Christine. Nous formons une équipe. C’est grâce à eux que l’étude fonctionne. Et cette étude-là, c’est pour eux que nous la réalisons. »

Encore au stade embryonnaire, ce projet pourrait évoluer de bien des façons, selon les souhaits de la communauté. « En parlant avec le chef, nous avons pensé demander aux jeunes s’ils avaient le goût de cuisiner des mets traditionnels pour capter ce savoir sur vidéo », souligne Christine. Ici encore, le regard serait celui des jeunes, puisqu’ils seraient derrière la caméra.

Changement de cap

« On m’a fait des offres que je ne pouvais pas refuser. Et de fil en aiguille, me voilà rendue au doctorat », lance Christine. Soulignons ici que la doctorante fait figure de modèle dans sa communauté universitaire, au campus Macdonald : elle est membre de plusieurs organisations, dont l’, l’ et le . En outre, elle a remporté le prix d’excellence Clé d’or du campus Macdonald en 2017, le prix Scarlet Key en 2018 et le en 2019.

Christine Ha mesure aujourd’hui pleinement l’importance de la recherche en santé et en médecine, et, constate-t-elle, ses travaux sont sa façon à elle de venir en aide aux enfants. La médecine l’attire toujours, mais dans le but de faire de la recherche en nutrition chez l’enfant.

« La nutrition est une variable fondamentale en santé, surtout chez les enfants en pleine croissance, et c’est dans ce domaine que je veux faire carrière », conclut-elle.

Image en haut de page : Christine Ha

Crédit photo : Marleen Bovenmars

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